Anne de Bretagne

1/5/11

Mai 2011
 
A l'occasion du concert de l'Opéra folk/rock Anne de Bretagne au Casino de Paris le 18 mai prochain, l'article du mois sera consacré à la vie de la Duchesse.
 
Source : http://www.annavreizh.com/
 

Anne de Bretagne

Malo mori quam foedari
Je préfère mourir que de me déshonorer
Devise d'Anne de Bretagne et de Ferdinand d'Aragon

 

Son destin...

Trahie par tous ses plus grands barons, Anne la Nantaise, armée de son seul courage, connut à l’aube de la Renaissance un destin hors du commun.
Celle qui fut sacrée par deux fois Reine de France n’eut de cesse de se battre pour l'indépendance de son duché. Envers et contre tous, projetée duchesse à l’âge de onze ans, elle devint dès son plus jeune âge un enjeu européen de premier plan. Les royaumes de France, d'Angleterre, d’Espagne, et l’Empire Romain rêvaient alors ouvertement de cette Bretagne située en plein cœur de l’ancienne Europe.
Contemporaine de Léonard de Vinci et de Michel-Ange pour lesquels elle se passionnait, Anne fut informée par son oncle Ferdinand II d’Aragon roi d’Espagne de la découverte de l’Amérique par un certain Christophe Colomb.
Mais la paix et le rêve n’auront guère de place dans sa courte vie. Les guerres d’indépendance du duché associées aux multiples trahisons des seigneurs bretons puis la disparition prématurée de son père le duc François II, de sa sœur Ysabeau et enfin la mort de six de ses huit enfants auront raison de l’obstination de cette jeune femme habile et cultivée.
Sa dernière volonté fut que l’on extraie son cœur et qu’il soit offert à la Bretagne.
Anne de Bretagne deviendra alors le symbole de la Bretagne historique ...

 

Sa vie...

Anne de Bretagne a vu le jour au château de Nantes le 25 janvier 1477, elle est la fille aînée du duc François II de Bretagne, sa mère se nomme Marguerite de Foix. Sa lignée est celle des Monforts.
En cette fin de 15ème siècle, cette famille avait donné à son duché une puissance économique florissante. En outre, la Bretagne était un état souverain et non un fief.
Le duché comptait environ un million d’habitants et sa situation à la pointe de l’Europe l’incitait à se tourner vers les horizons maritimes, où passaient les grandes routes de commerce du vin, du sel et des épices ; ils étaient donc en contact permanent avec les autres peuples voués au commerce via la mer. Dans ce contexte, la famille ducale entretenait des relations directes avec la plupart des états européens. Sa cour était l’une des plus distinguée et c’est au contact de ce climat raffiné, où soufflait déjà le vent de la Renaissance, qu’Anne put grandir et s’ouvrir à la culture de son époque.
Au décès de François II, Anne devient duchesse de Bretagne à l’âge de 11 ans. A 14 ans, malgré le traité signé par son père, Anne de Bretagne est mariée par procuration à Maximilien d’Autriche.
"Maximilien ne trouva rien de mieux que de déléguer pour l’occasion son favori, Wolfgang de Polhain. Celui-ci dénuda sa jambe droite et la plaça sous les draps du lit où se trouvait la jeune Anne, tout en serrant de la main gauche la procuration signée par son maître. Puis le "mignon" se rhabilla. Un épisode ridicule qui eut cependant un résultat immédiat : le royaume de France se trouvait encerclé par les Habsbourg."
Immédiatement, le roi de France, Charles VIII déclara la guerre à la Bretagne et l’armée vint mettre le siège devant Rennes, où Anne avait trouvé refuge.
En 1491, Anne dut se rendre à son vainqueur qui, le plus galamment du monde, lui demanda sa main. Le mariage eut lieu en décembre, sur les bords de la Loire à Langeais.
" D’après les contemporains de la duchesse, celle-ci avait un charme indéniable. Elle boitait légèrement, mais, dit-on, cette infirmité passait inaperçu. Et lorsque le Roi la vit en personne pour la première fois, il la trouva : tant belle, gracieuse, bénigne d’humeur et bien servie de corps que possible. »
A la mort de son époux en 1498, Anne administre seule son duché de Bretagne. Le pauvre heurta violemment du front une porte du château d’Ambroise et expira quelques heures plus tard.

Le nouveau roi Louis XII, pour ne pas perdre l’union entre la France et la Bretagne, fait casser son mariage avec Jeanne de Valois par le pape Alexandre VI et épouse Anne de Bretagne le 7 janvier 1499 comme le prévoyait le contrat de mariage avec Charles VIII.
"Petite histoire : depuis longtemps secrètement amoureux d’Anne, Louis déploya des trésors d’énergie pour faire annuler son mariage avec Jeanne la Boiteuse, aussi intelligente que laide. Grâce à quelques faux témoignages, il obtint gain de cause. Jeanne s’en alla fonder le couvent des Annonciades et reçut justice de la part de l’Eglise... 453 ans plus tard en étant élevée au rang des bienheureuses."
Anne de Bretagne fut la mère de huit enfants, mais seulement deux survivront: Claude de France et Renée qui deviendra duchesse de Ferrare. En 1504, Anne va tenter de marier sa fille aînée Claude à Charles de Habsbourg, futur Charles Quint. Si dans un premier temps Louis XII lui donne son accord, craignant que la France soit encerclée par les possessions des Habsbourg, le roi change d'avis et décide que Claude sera unie à un héritier du trône de France.
" L’hiver 1514 fut terrible. Toutes les rivières de France étaient gelées. Les loups affamés attaquaient les paysans jusque dans les bourgs. Tout le royaume manquait de pain. A Blois, Anne de Bretagne se meurt. La paille de champs entiers a été répandue sur les parquets du château, des forêts brûlent dans la cheminée, sans pouvoir apporter un peu de chaleur à la moribonde.
Au soir du 9 janvier, celle qui fut deux fois Reine de France rend le dernier soupir. Quelques heures auparavant, oubliant sa haine, elle avait confié sa fille Claude à sa vieille rivale, Louise de Savoie, mère du futur François 1er."
Anne meurt donc de la gravelle au château de Blois, le 9 janvier 1514, elle n’a même pas trente-sept ans, et le roi Louis XII consent au mariage de leur fille aînée, Claude de France, héritière de Bretagne, avec le duc d’Angoulême, héritier de France, futur François 1er. Elle fut ensevelie à Saint-Denis, mais elle voulut que son coeur repose en terre bretonne, à Nantes.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le reliquaire...

 

Reliquaire Anne de Bretagne

 

Placé dans un réceptacle d'or fin qui en épouse étroitement les contours, son coeur fut transporté de Blois à Nantes par les hommes de sa garde personnelle.
Autour de la couronne de fleurs de lys et de feuilles de trèfle entrelacées au sommet de ce vaisseau d'or, figurait en lettre émaillées de rouge :

"Cueur de vertus orne dignement couronne"

Sur l'une des faces extérieurs du coffret, était inscrit :
Et sur l'autre:
En ce petit vaisseau
De fin or pur et munde
Repose ung plus grand cueur
Que oncque dame eut au munde
Anne fut le nom delle
En France deux fois royne
Duchesse des Bretons
Royale et Souveraine.
Ce cueur fut si très hault
Que de la terre aux cyeuls
Sa vertu libérale
Accroissoit mieulx et mieulx
Mais Dieu en a reprins
Sa portion meilleure
Et ceste part terrestre
En grant deuil nous demeure.
 
Sur l'intérieur, en émail blanc, on grava d'un côté :
Et de l'autre :
O cueur caste et pudicque
O juste et benoît cueur
Cueur magnanime et franc
de tout vice vainqueur.
Cueur digne entre tous
De couronne céleste
Ore est ton cler esprit
Hord de paine et moleste.
 

Le convoi arrive à Nantes le 13 mars. La relique est déposée dans l'Eglise des Chartreux, sur le tombeau d'Arthur III, Duc et grand-oncle d'Anne. Des messes et prières sont dites durant six jours.
Le 19 mars, se forme une immense procession, composée de 400 bourgeois et délégués des habitants de Nantes, des religieux et religieuses de la ville, d'une délégation de 100 pauvres. Le Chancelier de Bretagne (70 ans) porte le coffret renfermant le coeur de sa duchesse. Il est suivi des membres du Parlement de Bretagne, de magistrats, sénéchaux, nobles.
La procession rejoint l'Eglise des Carmes où une messe est célébrée par l'archevêque de Dol.

Le coeur de la Duchesse et Reine est déposé par le Chancelier entre les cercueils de François II et de Marguerite de Foix, les parents d'Anne, dans le magnifique tombeau qu'elle avait fait ériger pour eux dans la crypte.

Mais si le coeur d'Anne repose à Nantes, ce n'est pas pour l'éternité. Lors de la Révolution, le tombeau est fracturé et le reliquaire adressé à l'administration qui n'ose pas fondre le réceptacle d'or. Il disparaît pendant quelques années. Il est fort heureusement retrouvé, mais vidé de son contenu.

De nos jours, le magnifique tombeau de François II et de Marguerite de Foix peut être admiré à l'intérieur de la cathédrale de Nantes. Le reliquaire retrouvé est quant à lui au musée Dobrée de cette ville.

 

Sa personnalité...

A travers une existence érigée en enjeu politique stratégique, elle ne faiblira pas devant l'adversité.
Son tuteur, le maréchal de Rieux, mécontent de ce qu'elle refusait la main d'Alain d'Albret, protégé par lui, lui fit fermer les portes de Nantes, au moment où elle se réfugiait dans cette ville pour échapper à une partie de l'armée française qui avait voulu l'enlever à Redon. Avertie à temps de cette lâche trahison, et indignée d'une semblable déloyauté, Anne monte à cheval l'épée à la main et, suivie de Dunois et de ses principaux officiers, elle se présente aux porte de la ville, ordonne qu'on lui ouvre et en impose tellement aux rebelles que les ponts-levis s'abaissent devant elle.
Ce fut la première reine de France qui porta le deuil de son époux en noir: jusque là, elles l'avaient porté en blanc ; de là, sans doute, le surnom de Dame Blanche donné à plusieurs veuves des rois de France.
Elle sut concilier l'indépendance de son duché tout en remplissant ses devoirs de Reine de France sans le moindre reproche.
Lors de son mariage avec Louis XII, elle obtint, par un traité particulier, que la Bretagne soit gouvernée comme elle l'avait été sous les ducs, et que ses droits et privilèges lui soient maintenus.
La reine contribua immensément aux progrès de la Marine Française. Douze vaisseaux de ligne furent construits et équipés par ses ordres lors de l'expédition des princes chrétiens contre l'Empire Turc.
Elevée dans l'une des cours les plus fastueuses et cultivées d'Europe, ses qualités de réflexion, son énergie et son charme particulier firent d'elle l'une des femmes les plus illustres de son époque.
Élevée par Françoise de Dinan, Anne fut de bonne heure initiée à des connaissances étrangères à la plupart des femmes. Elle possédait une bibliothèque de plus de 1200 ouvrages en 5 langues diverses: elle prépara grandement cette époque de la Renaissance qui valut à François Ier le glorieux surnom de Restaurateur des Lettres.
Lors de l'entrée d'Anne de Bretagne à Morlaix, elle reçoit les félicitations des notables de la ville qui lui présentent à genoux une hermine apprivoisée et un petit bâtiment d'or enrichi de pierreries. "Anne ayant reçu l'hermine, rapporte un historien du temps, le gentil animal la caressa fort, puis se cacha précipitamment dans sa collerette, ce qui mit la reine en émoi ; mais le vicomte de Rohan, qui était près d'elle, lui dit : "Que craignez-vous, Madame ? Ce sont vos armes." "

 

 

 

 

Le château

Le Château des Ducs de Bretagne, à Nantes, est conçu comme une forteresse dans le contexte de la lutte pour l'indépendance du duché de Bretagne. Le système défensif du château est composé de sept tours reliées par des courtines et un chemin de ronde. Depuis le début des années 1990, la Ville de Nantes a mis en œuvre un programme de restauration et d'aménagement de grande envergure pour mettre en valeur ce site patrimonial en plein centre ville, emblématique de l'histoire de Nantes et de la Bretagne. L'édifice restauré accueille le Musée d'Histoire de Nantes installé dans 32 salles.

 

 

Le livre d'heures

 

Les Grandes Heures d'Anne de Bretagne est un Livre d'Heures, commandé par la reine Anne de Bretagne à l'enlumineur Jean Bourdichon, dans les premières années du XVIe siècle.
L'ouvrage, de 30,5 cm par 20 cm, est constitué de 476 pages en latin dont 49 enluminures en pleine page et 337 enluminures marginales. Il est remarquable par le travail d'enluminure de chaque marge de page, sur lesquelles figure la représentation réaliste sur fond doré de 337 plantes légendées en latin et en français. On y trouve des fleurs, cultivées ou sauvages, des arbustes, quelques arbres, et une grande diversité d'insectes et de petits animaux de la campagne. Les insectes représentés sont des papillons de jour et de nuit, libellules, sauterelles, chenilles, coccinelles, mouches, abeilles charpentières, grillons, perce-oreille, bourdons, gendarmes, lucane.
Les petits animaux représentés sont des serpents, lézards, orvets, grenouilles, tortues, écureuils, escargots, lapins, singes, araignées.
La réalisation de l'ouvrage dura de 1503 à 1508. D'après une lettre de la reine écrite en mars 1508, Jean Bourdichon toucha pour ce travail la somme de 1500 livres tournois versées en six cent écus d'or.

 



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